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Robocop, Paul Verhoeven (1987) - Part II

Séquence 2 : Une revanche pour le désormais Robocop ?


Robocop apparaît ici comme le justicier qui s’est relevé. Son équipement fait inévitablement penser à celui de Terminator (James Cameron, 1984), mais le personnage est davantage à même de ressentir des émotions en plus du côté esthétique. De plus, il semble que Rob Bottin, le créateur des costumes en argile en 2D, qui a créé la combinaison, a voulu créer une version moderne de Maria dans Metropolis de Fritz Lang (1927) et s'est inspiré de BD japonaises : masculine et avec un équipement plus « technologique ».


En effet, dans un autre repaire de la bande de criminels qu’il veut éliminer pour de bon, des bruits de pas très lourds se font entendre, et il est filmé en contreplongée, ce qui le rend d’autant plus puissant. La lumière joue un rôle fondamental par rapport au costume même de Robocop : de nombreuses sources de lumières provenant de directions différentes lui permettent d’avoir en permanence des reflets. Etant toujours dans la lumière, il semble que ce soit lui qui ait le pouvoir. En marchant sur des fioles où se trouve de la cocaïne, il s’impose en tant que superflic qui accomplit ses devoirs, visibles par le spectateur en vue subjective dans le casque de Robocop (voir image plus bas avec "Directive 3").



A travers la fusillade, il apparaît comme inatteignable : on peut le suivre par un travelling d’accompagnement arrière alors qu’il s’avance droit vers les tirs. Malgré cette détermination, on peut se poser la question : va-t-il réellement arrêter ces personnes dans le cadre de la Loi qu’il incarne, ou va-t-il se venger ? Le plan de profil de lui et Clarence rappelant celui de la séquence 1 nous laisse dans le doute : il est ici en position de force, serrant la gorge de Clarence et, ici, avec non seulement son casque et son arme (filmée en insert comme ci-dessus), mais aussi avec une armure.




Il assume finalement sa position de policier (sa voix in dit « oui je suis un policier ») alors que la directive 3 lui est rappelée « faire respecter la Loi » et décide de remettre Clarence aux autorités, toujours filmé en contreplongée. La scène du commissariat et la grève qui s’y prépare à cause de la mort de beaucoup d’agents de police pose la question de faut-il mettre sa vie en danger pour les autres en n’importe quelle circonstance ? Robocop semble être la solution idéale face à tant de violence, d’autant plus qu’il va s’attaquer au cœur du problème : la corruption du vice- président de l’OCP (Omni Consumer Product dont la branche qui a fabriqué Robocop est Security Concepts), Dick Jones. La musique est d’abord de type « synthétiseur et boîte à rythmes », robotique, accompagnée de ses mouvements saccadés mais rapides, qui font penser à un oiseau. Puis elle redevient orchestrale et majestueuse, tel l’envol qu’il veut prendre face à ce rival. Dick Jones sert de personnage mimant la satire sociale du film : il apparaît comme le produit d’une société de consommation qui croit à l’utilisation des autres, au pouvoir et l’argent, mais aussi à la manipulation. En effet, celui qui a en fait créé Robocop, a ajouté une directive pour se protéger de lui en cas d’ « arrestation d’un supérieur de l’OCP », ce qui entraîne la déconnexion immédiate du robot policier.



L’image se brouille, Robocop laisse tomber son arme et se désarticule alors, dans des mouvements de contorsions. Malgré cela, il continue à se battre et se relève : on comprend ici sa dimension non seulement esthétique mais humaine. S’il ne s’est pas déconnecté, c’est parce que sa partie cérébrale humaine restante est encore fonctionnelle, comme le laissent aussi penser les flash-backs en vue subjective. Un autre personnage refait surface ici : ED-209, qui sert en fait ici de bras armé de Dick Jones et représente l’opposition même de Robocop et de son créateur, qui n’est pas sans rappeler Frankenstein (James Whale, 1931).


La technique utilisée ici est le stop-motion, car aucun écran vert/bleu n’est utilisé, ni d’images de synthèses pour l’époque. On fait appel à la photographie par rétroprojection : on filme un fond (une scène) projetée sur un écran translucide, on construit la scène avec la marionnette, puis on l‘éclaire de manière à être assortie au fond et on met devant les objets nécessaires au premier plan.


ED-209 a une stupidité fonctionnelle. Sans visage, il semble étranger et aveugle à ce qui se passe réellement autour de lui et dans le monde. Selon le réalisateur Paul Verhoeven, il semble aveugle au même titre que la Loi et rappelle la deuxième guerre mondiale : lorsque l’ordre est donné de tuer, on doit tuer sans hésiter. Il a l’air intimidant (on a des gros plans sur ses gros pieds, puis un panoramique vertical jusqu’à son haut de corps) car a une esthétique militaire, mais il n’est pas opérationnel.


Ceci peut être mis en relation avec des publicités diffusées dans le film, par exemple celles avec le dinosaure pour des voitures américaines. Le dinosaure rappelle ED-209 et son image imposante sur la société américaine par son pouvoir, mais n’est en fait qu’un artifice. En effet, il apparaît presque comme un clown dans la scène des escaliers, où il tombe alors qu’il poursuit Robocop, dont on voit maintenant un des deux yeux. Robocop, depuis son apparente déconnexion, est filmé avec beaucoup moins de lumières et de reflets : il semble s’éteindre malgré sa détermination mentale.


Il s’enfuit dans le parking souterrain au son de ses mouvements robotiques, et se trouve encerclé, puis ébloui par les lumières des voitures de police qui s’allument une à une : ceci fait penser aux nombreux éclairages qui normalement lui donnent de la puissance et qui, ici, l’atterrent.




Cette scène dévoilant une petite partie du corps de Robocop, son œil, laisse une fois de plus le spectateur dans l’expectative car il s’attend à en voir plus. Le suspense est ici à son paroxysme.




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